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Yves Cape, directeur de la photographie, était l'invité d'honneur d'une masterclass qui s'est tenue à l'Espace des Arts.

Culture

Dans les coulisses du Festival Chefs Op’ en Lumière 

Le Festival Chefs Op’ en Lumière, rendez-vous cinématographique incontournable de Chalon-sur-Saône débute cette semaine. À cette occasion, nous avons rencontré Janick Leconte, président du festival, pour découvrir ce qui fait la particularité de ce festival sans équivalent et tant apprécié sur notre territoire.

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Fondé en 2019, le Festival Chefs Op’ en Lumière met chaque année à l’honneur l’un des métiers méconnus du grand public mais essentiel au monde du cinéma : les directeurs de la photographie, aussi connus sous le nom de chefs opérateurs. 

Aux origines du festival

Pour Janick Leconte, ancien retraité de l’éducation nationale, le cinéma a toujours été une passion. C’est cet amour du 7e art et l’envie fervente de promouvoir la culture auprès du grand public, qui l’ont conduit tout naturellement à fonder, il y a six ans, le Festival Chefs Op’ en Lumière avec l’association La Bobine. Le succès fut au rendez-vous et un an plus tard, il créera sa propre association, entouré d’un petit groupe d’amis et de bénévoles motivés. 

“Mon idée a toujours été de fédérer plein de gens différents et plein de structures différentes. En 2019, quand j’ai voulu fonder le festival, mon idée de départ était de mettre en place un festival qui s’occupait des métiers de l’ombre du cinéma : les décorateurs, les scénaristes, etc. Et puis je suis allé à Paris et les premiers que j’ai rencontrés ont été les chefs opérateurs de l’AFC (Association Française des directrices et directeurs de la photographie Cinématographique). Ils étaient super contents et ils se souvenaient de Chalon-sur-Saône parce que dans les années 1985-1990 il y avait un grand festival de l’image qui avait déjà lieu à la maison de la culture. Ils connaissaient aussi Chalon-sur-Saône car certains d’entre eux venaient étalonner leurs films à l’usine Kodak.” 

Si Kodak a malheureusement fermé depuis bien longtemps, les anciens studios accueillent aujourd’hui la société audiovisuelle Constance Production. Son directeur, Christophe Henry, avait d’ailleurs découvert il y a quelque temps dans les archives de cette célèbre entreprise de la photographie, des boîtes de pellicules datant des années 80-90, dont ceux des Dents de la Mer, de Steven Spielberg. “Peut-être que Steven Spielberg est venu lui-même à Chalon-sur-Saône dans les années 80 pour faire étalonner son film”, s’en amuse Janick. 

Car il est vrai que le territoire est bien connu des professionnels du cinéma anglais et américains. Chalon-sur-Saône fait partie de ce qu’on appelle “le couloir de l’image” : une zone qui s’étend de Dijon à Lyon et qui a connu quatre des plus grandes innovations cinématographiques. Il y eut l’invention de la photographie par Nicéphore Niépce à Chalon-sur-Saône, la chronophotographie par Étienne-Jules Marey à Beaune, le cinéma des Frères Lumière en 1895 à Lyon, et enfin le zoom à compensation optique par Roger Cuvillier à Dijon. 

Faire de Chalon-sur-Saône la nouvelle référence en termes de festival de cinéma 

Parmi les deux cents festivals de cinéma présents en France, pas un seul ne met en avant le travail effectué par les chefs opérateurs. À l’échelle de l’Europe, ce n’est guère mieux. Ils ne sont que deux : Camerimage en Pologne, qui a fêté ses trente ans l’année dernière, et le Festival international du film des frères Manaki en Macédoine.  

Pourtant, ces professionnels de la photographie sont essentiels à la réalisation d’un film, comme l’explique Janick : “Les chefs opérateurs sont les principaux collaborateurs des réalisateurs. Ce sont eux qui vont mettre en avant les intentions du film, et mettre en images le récit. Le réalisateur a un scénario et des inspirations au niveau de l’image, il veut que le film ait telle tonalité, que l’ambiance soit inspirée de telles photos ou peintures, etc. Ils sont également présents à toutes les étapes du film: le repérage des lieux, le tournage et en post-production pour superviser l’étalonnage.” 

Le pari fou de Janick Leconte de mettre en lumière ces petites mains du cinéma a alors fonctionné. De six chefs opérateurs présents lors de la première édition, le festival est passé à une vingtaine de spécialistes qui partagent au grand public et aux jeunes professionnels leurs savoirs à travers des ateliers et des conférences.  

Le festival bascule ainsi dans une nouvelle dimension avec l’espoir d’attirer de grandes sociétés liées au monde du cinéma, même s’il peut se féliciter de compter déjà parmi ses nombreux partenaires Leitz, Nikon, Sony et le CNC. 

“L’année dernière on a fait 8 500 entrées”, se félicite Janick, avant d’ajouter “et j’espère que cette année on atteindra les 10 000 !” 

La préparation du festival : un travail de longue haleine 

Dès le mois d’août, toute l’équipe du festival se lance dans l’élaboration de la programmation de l’édition de l’année suivante. Pour ce faire, les bénévoles assistent à plusieurs des plus célèbres festivals de cinéma, Cannes, la Berlinale ou encore la Mostra de Venise, à la rencontre des distributeurs pour les convaincre de diffuser leurs films dans le cadre du festival Chefs Op’ en Lumière.

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